Réemploi et déconstruction / J43
Introduction
En France, le domaine du BTP représente à lui seul plus de 70% de la production des déchets, soit plus de 224 millions de tonnes par an. Face à l’épuisement des ressources fossiles, la croissance des émissions carbone dans le bâtiment et la gestion des déchets qui pendant longtemps fût quasi inexistante, de nombreuses lois et réglementation à l’échelle de la France et de l’Europe ont émergé pour changer durablement les pratiques du milieu du BTP. Depuis 2015, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte s’est donnée comme objectif de valoriser 70% des déchets du BTP en 2020 et tendre vers une neutralité carbone d’ici 2050.
Sur le terrain, de nombreuses initiatives ont émergé pour construire la filière du réemploi, développer de nouveaux savoir-faire et éveiller les consciences sur notre mode de consommation. Avec cet article, nous vous proposons un aperçu de la filière du réemploi, à travers nos rencontres avec IDRE en France, Matériuum en Suisse, et de l’expérience de Camille qui a travaillé plusieurs mois au sein de l’entreprise Cycle Up à Paris.
Figure 2 : Trajectories of Elements, Pavillon japonais à la Biennale d’architecture de Venise 2021
© Matières Vives. Le pavillon japonais a choisi comme thématique la réversibilité et la durabilité des matériaux de construction dans le temps, en se servant d’une maison des années 60 pour construire une partie du pavillon.
1 - L’exploitation des matériaux de construction issue de la déconstruction
A-Définition
Réemploi
« Toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui ne sont pas des déchets sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus.»
Réutilisation
« Toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui sont devenus des déchets sont utilisés de nouveau. »
Déchet
« Déchets de construction et de démolition : les déchets produits par les activités de construction et de démolition, y compris les activités de rénovation, des secteurs du bâtiment et des travaux publics, y compris ceux produits par les ménages à titre privé. »
Source : l’article L541-1-1 du Code de l’environnement.
Au regard de la loi, la pratique du réemploi concerne uniquement les matériaux qui ne sont pas passés d’un statut de produit à celui de déchet. Ce changement de statut s’effectue dès lors que les produits sont acheminés vers des centres de traitements de déchets, en vue d’une valorisation ou d’un enfouissent. En devenant déchet, un matériau perd sa qualité de produit, sa réutilisation dans le bâtiment devient alors compromise. La pratique du réemploi est donc une action qui vise la prévention des déchets.
Selon l’ADEME, un produit peut être donné ou vendu par son propriétaire avant d’être jeté, ce qui lui permettra de garder son statut et sa fonction d’usage.
Dans le cadre d’une réhabilitation par exemple, la production des déchets relève de la responsabilité de la maîtrise d’ouvrage qui à ce titre doit en assumer la gestion. Aussi celle-ci détient un pouvoir important pour valoriser les matériaux réemployés dans les bâtiments.
ADEME : l’agence de la transition écologique.
Figure 3 : Schéma ressources/industrie : 30 kg de ressources naturelles sont nécessaire pour fabriquer 10kg de produit industriel. ® Matières Grises Encore Heureux
B-Identifier les ressources : le diagnostic-ressources
Pour rentrer dans une économie circulaire et non plus linéaire, il est essentiel dans le cadre d’une intervention sur un bâtiment existant d’identités les matériaux de chaque bâtiment.
Pour ce faire la première étape de la chaîne de production consiste à faire un diagnostic- ressource, celui-ci est devenu obligatoire en juillet dernier dans le cadre de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (AGEC). [1]
Le diagnostic-ressource s’effectue en amont du démarrage des travaux. Il consiste à inventorier l’ensemble des matériaux présents dans un bâtiment. Il permet d’identifier leurs natures, en déterminant leurs quantités, leurs aspects physiques (dimension, couleur, type, etc.), leurs contextes constructifs (mode de fixation, mode d’assemblage, etc.) et leurs états (très bon état, bon état, etc.)
Cette étape permet entre autres de rendre compte aux maîtrises d’ouvrage ce dont ils sont propriétaires et de leur faire prendre conscience des économies susceptibles d’être générées aussi bien sur le plan environnemental que financière. [2] Enfin à l’issue, du diagnostic-ressource, des propositions de réemploi in-situ et des orientations
Figure 4 : Extrait d’une grille de diagnostic-ressource avec l’exemple d’une caractérisation d’une porte lors d’un diagnostic, établi par Cycle Up. © CycleUp
[1]Dans le cadre de la lois AGEC, récemment mise en application, le diagnostic-déchet a été remplacé par le diagnostic pré-démolition produits-matériaux incluant un diagnostic-ressource, pour toute réhabilitation significative ou démolition d’un bâtiment cumulant une surface de plancher supérieur à 1000m². Source : Cycle Up, https://site.cycle-up.fr/notre-univers-du-reemploi/reglementations/les-evolutions-reglementaires-et-le-reemploi/
[2] La mise en benne des matériaux coûte de plus en plus chère aux entreprises de démolition-curage en raison des taxes environnementales notamment, qui augmente la tonne de DIB (déchet industriel banal). Un paradoxe si l’on quantifie en termes de ressources fossiles et d’énergie nécessaire à la fabrication puis à la destruction de ces mêmes matériaux.
Source : https://takeawaste.fr/pourquoi-les-dechets-en-melange-vont-couter-de-plus-en-plus-cher/
C-Phase de curage : déconstruction et redistribution
La déconstruction
Au démarrage des travaux, les matériaux sélectionnés par la maîtrise d’ouvrage (en vue d’une remise en œuvre sur site par exemple) ou par des repreneurs potentiels sont stockés temporairement sur le chantier dans un espace clos, couvert qui leur est dédié.
La dépose sélective a lieu au cours de la phase de curage. La phase de curage est la première étape des travaux sur un existant. Elle consiste à dépouiller l’ensemble des éléments non constructifs qui composent le bâtiment. Selon l’objet du projet suivra la phase de démolition ou de restructuration.
La dépose sélective est généralement assurée par une entreprise de curage-démolition. Elle peut aussi être accompagnée d’associations d’insertion spécialisées dans la dépose sélective.
Son rôle est de déconstruire de manière soignée les matériaux sélectionnés, de trier puis de les conditionner en vue d’être transporté pour leur seconde vie. Les méthodes de dépose et de conditionnement sont détaillées dans le cahier des clauses techniques particulières (CCTP) de l’entreprise, signé conjointement avec la maîtrise d’ouvrage. Des sociétés spécialisées dans les méthodes de déposes et de conditionnement peuvent assister les entreprises ou la maîtrise d’ouvrage dans le cadre de mission d’accompagnement par exemple.
Pour certains matériaux, la dépose sélective demande un temps supplémentaire comme pour la dépose du parquet massif ou de cloisons vitrées. Il est aujourd’hui comptabilisé par les cureurs, par un prix unitaire de dépose et un prix de conditionnement établit lors de la signature des marchés. Ce prix unitaire est compensé par la vente ou l’économie du DIB à la tonne générée.
Figure 5 : Photo de la dépose des matériaux, enlèvements et stockage dans l’entrepôt du réemploi ®CycleUp
La redistribution
Avant même le développement des diagnostics-ressources, de nombreuses ressourceries ont ouvert en Europe à l’initiative notamment d’associations solidaires, axées vers l’autoconstruction. Par exemple, en région parisienne le réseau francilien du réemploi fondé en 2014 regroupe 47 associations (ressourceries, recycleries et Emmaüs).
Les ressourceries proposent des matériaux variés à des prix nettement inférieurs à ceux du neuf. Généralement ouverte au grand public, on y trouve du mobilier, des équipements ou bien des matériaux bruts comme le bois, une sorte de grande surface de la seconde main.
Aujourd’hui, le réseau de redistribution s’est développé sur le territoire et professionnalisé. Ainsi on peut retrouver :
- Des ressourceries spécialisées dans les matériaux de construction. Elles sont gérées soit par des entreprises indépendantes, soit par les entreprises de curage-démolition, ce qui est notamment le cas aux Pays-Bas et en Belgique.
- Des revendeurs spécialisés dans un domaine. Ils sont souvent amenés à réparer, et reconditionner les matériaux. Ce qui est par exemple le cas de MOBIUS pour les planchers techniques, TRYCYCLE pour le mobilier, ou encore DIEL pour le reconditionnement d’équipement dédié à la sécurité incendie, etc. Certains fabricants commencent aussi à se positionner et développer des procédés de remise en état, notamment dans le domaine des revêtements de sols comme la moquette, des équipements de cuisine collective, des équipements plus techniques comme l’électricité ou la CVC.
- Des revendeurs spécialisés dans le bois, qui récupèrent du bois de charpente en vue d’une réutilisation ou pour une utilisation en bardage ou revêtement.
- Des antiquaires spécialisés dans la recherche d’objets rares.
- Des artisans tels que des menuisiers qui ont besoin d’une petite quantité de matériaux en vue d’un réemploi ou d’une réutilisation précise ou localisée.
- des fabricants qui utilisent des matériaux de réemploi pour produire de nouveaux éléments tels que des fenêtres en bois avec le label FSC.
Le développement des marketplaces[1], comme celle de cycle-up.fr Up, a permis de faire connaître plus largement la quantité de matériaux de réemploi disponible sur le territoire, et de toucher une variété d’acteurs plus large. Les actions comme celles d’Idre, qui opèrent à l’échelle du professionnel, permettent quant à elles de connecter les acteurs locaux entre eux.
Concernant le prix des matériaux issus de la filière du réemploi, les matériaux fournis et posés, reviennent parfois plus chers qu’à du neuf. Cette augmentation s’explique notamment par la nécessité d’avoir recours à plus de main-d’œuvre et de consacrer plus de temps à la réparation, lorsque cela est nécessaire. Avec la valorisation de l’économie circulaire et la diminution des ressources, des optimisations pourront bientôt s’établir afin d’équilibrer les prix[2],de la même manière que pour les matériaux biosourcés.
Figure 6 : Intérieur de la recyclerie de Materiuum à Genève
[1]La marketplace fonctionne sous le principe d’un apport à flux tendu. C’est-à-dire que l’offre est visible sur un temps donné ajouté à une période de retrait.
[2] Retour sur l’expérience Möbius dans un entretien avec Octopus https://octopus.saooti.com/main/pub/podcast/11792
Le réemploi in-situ
Selon le CSTB, l’impact des émissions carbone dans la durée de vie d’un bâtiment est de 56% dans la phase de construction, et de 44% pour son exploitation. [1]Ainsi le réemploi ex-situ permet de créer une multitude de nouveaux métiers, le réemploi in situ est également un levier important en termes d’économie carbone. En effet en termes d’empreinte écologique du bâtiment, le réemploi in-situ permet de limiter considérablement les énergies grises du bâtiment lié à la production et au transport des matériaux.
Aujourd’hui, le réemploi in-situ n’est pas encore généralisé, notamment pour des questions d’assurances qui limitent de manière importante les usages. Toutefois, il est possible de
garantir la fiabilité des matériaux réemployés par la mise en œuvre d’appréciations techniques d’expérimentation (ATEX) qui sont attachées à un projet ou un procédé spécifique ; ou bien par la multiplication de tests par échantillonnage en laboratoire d’un produit pour attester de sa résistance mécanique ou structurelle.
[1] Donnée du CSTB : https://site.cycle-up.fr/
Figure 7 :l ’Actlab est un laboratoire de recherche sur le réemploi. Il a été construit à partir de matériaux collectés localement. Le programme de recherche est piloté par Bellastock. © Bellastock
Figure 8 : Projet pour la construction de 4 ressourceries dans quatre centres de Recyclage initiés par la ville et l’agglomération du Havre. Les bâtiments, entièrement conçus en matériaux de réemploi,y compris la structure, seront ouverts aux particuliers pour la revente d’objets ou de vêtements. Le projet des 4 pavillons sont en cours d’étude par l’agence Archipel Zéro.®Archipelzéro
D- Les Matériaux
En moyenne, un bâtiment de bureaux sera rénové tous les neuf ans et rafraîchit tous les quatre ans. [1]La quantité des matériaux disponibles est donc importante et variée. Les praticiens du réemploi catégorisent d’ailleurs ces matériaux en trois grandes familles :
Tout d’abord, on trouve les matériaux ou produits de série, standardistes ou courants qui sont présents en très grand nombre sur le marché. Le volume de ce gisement se renouvelle régulièrement. On parle de réemploi de filière. [2]
Cette première catégorie regroupe essentiellement des matériaux de second œuvre (portes, cloisons vitrées, luminaires, moquettes, caillebotis, plancher technique stores etc.) et les équipements techniques récurrents (radiateurs, équipements sanitaires, BAES etc.).
La deuxième catégorie comprend des matériaux plus singuliers, qui se distinguent par leur rareté, leur ampleur et/ou leur originalité. Plus ponctuelle, cette pratique s’intègre dans une réflexion globale de projet avec la maîtrise d’œuvre, qu’il soit ex-situ ou in-situ. On parle de réemploi d’opportunité. Il s’agit par exemple d’éléments structurels, de matériaux nobles comme les parements en marbre, le parquet massif ou encore d’équipement très qualitatifs ou de design.
Enfin, la troisième catégorie regroupe les produits « déclassés », qui proviennent des magasins d’approvisionnement classique, ou de surplus qui encombrent par exemple les zones de stockage d’artisans ou de distributeurs. Il peut également s’agir de chute de matériaux. Ces produits neuf conservent leurs avis techniques, rendant leur utilisation plus facile.
À l’inverse, la deuxième catégorie se distingue par les matériaux plus singuliers, qui se caractérisent par leur rareté, leur ampleur et/ou leur originalité. On parle par exemple d’éléments structurels, de matériaux nobles comme les parements en marbre, le parquet massif ou encore d’équipement très qualitatifs ou de design. L’ensemble ne demande pas les mêmes moyens humains et questionnements autour du stockage au plus ou moins long terme. Cette catégorie convoque davantage l’idée d’un réemploi d’opportunité. Plus ponctuelle, cette pratique se cadre dans une réflexion de projet global avec la maîtrise d’œuvre, qu’il soit ex-situ ou in-situ.
Figure 9 : Schéma résumant l’acheminement des matériaux issue du réemploi. ®Matières Vives
[1]Présentation du poids carbone d’un bâtiment par l’observatoire de l’immobilier durable
https://resources.taloen.fr/resources/documents/7765_191210_poids_carbone_ACV_vdef.pdf
[2] Réemploi et conception architecturale, Rapport final février 2020 par Pierre Belli-Riz ENSAG.
https://culturesconstructives-aecc.com/reemploi-et-conception-architecturale-les-ressources-materielles-techniques-et-culturelles-dun-territoire-comme-potentiels-de-projet-soutenable-2503/
En France, le domaine du BTP représente à lui seul plus de 70% de la production des déchets, soit plus de 224 millions de tonnes par an. Face à l’épuisement des ressources fossiles, la croissance des émissions carbone dans le bâtiment et la gestion des déchets qui pendant longtemps fût quasi inexistante, de nombreuses lois et réglementation à l’échelle de la France et de l’Europe ont émergé pour changer durablement les pratiques du milieu du BTP. Depuis 2015, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte s’est donnée comme objectif de valoriser 70% des déchets du BTP en 2020 et tendre vers une neutralité carbone d’ici 2050.
Sur le terrain, de nombreuses initiatives ont émergé pour construire la filière du réemploi, développer de nouveaux savoir-faire et éveiller les consciences sur notre mode de consommation. Avec cet article, nous vous proposons un aperçu de la filière du réemploi, à travers nos rencontres avec IDRE en France, Matériuum en Suisse, et de l’expérience de Camille qui a travaillé plusieurs mois au sein de l’entreprise Cycle Up à Paris.
Figure 2 : Trajectories of Elements, Pavillon japonais à la Biennale d’architecture de Venise 2021
© Matières Vives. Le pavillon japonais a choisi comme thématique la réversibilité et la durabilité des matériaux de construction dans le temps, en se servant d’une maison des années 60 pour construire une partie du pavillon.
1 - L’exploitation des matériaux de construction issue de la déconstruction
A-Définition
Réemploi
« Toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui ne sont pas des déchets sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus.»
Réutilisation
« Toute opération par laquelle des substances, matières ou produits qui sont devenus des déchets sont utilisés de nouveau. »
Déchet
« Déchets de construction et de démolition : les déchets produits par les activités de construction et de démolition, y compris les activités de rénovation, des secteurs du bâtiment et des travaux publics, y compris ceux produits par les ménages à titre privé. »
Source : l’article L541-1-1 du Code de l’environnement.
Au regard de la loi, la pratique du réemploi concerne uniquement les matériaux qui ne sont pas passés d’un statut de produit à celui de déchet. Ce changement de statut s’effectue dès lors que les produits sont acheminés vers des centres de traitements de déchets, en vue d’une valorisation ou d’un enfouissent. En devenant déchet, un matériau perd sa qualité de produit, sa réutilisation dans le bâtiment devient alors compromise. La pratique du réemploi est donc une action qui vise la prévention des déchets.
Selon l’ADEME, un produit peut être donné ou vendu par son propriétaire avant d’être jeté, ce qui lui permettra de garder son statut et sa fonction d’usage.
Dans le cadre d’une réhabilitation par exemple, la production des déchets relève de la responsabilité de la maîtrise d’ouvrage qui à ce titre doit en assumer la gestion. Aussi celle-ci détient un pouvoir important pour valoriser les matériaux réemployés dans les bâtiments.
ADEME : l’agence de la transition écologique.
Figure 3 : Schéma ressources/industrie : 30 kg de ressources naturelles sont nécessaire pour fabriquer 10kg de produit industriel. ® Matières Grises Encore Heureux
B-Identifier les ressources : le diagnostic-ressources
Pour rentrer dans une économie circulaire et non plus linéaire, il est essentiel dans le cadre d’une intervention sur un bâtiment existant d’identités les matériaux de chaque bâtiment.
Pour ce faire la première étape de la chaîne de production consiste à faire un diagnostic- ressource, celui-ci est devenu obligatoire en juillet dernier dans le cadre de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (AGEC). [1]
Le diagnostic-ressource s’effectue en amont du démarrage des travaux. Il consiste à inventorier l’ensemble des matériaux présents dans un bâtiment. Il permet d’identifier leurs natures, en déterminant leurs quantités, leurs aspects physiques (dimension, couleur, type, etc.), leurs contextes constructifs (mode de fixation, mode d’assemblage, etc.) et leurs états (très bon état, bon état, etc.)
Cette étape permet entre autres de rendre compte aux maîtrises d’ouvrage ce dont ils sont propriétaires et de leur faire prendre conscience des économies susceptibles d’être générées aussi bien sur le plan environnemental que financière. [2] Enfin à l’issue, du diagnostic-ressource, des propositions de réemploi in-situ et des orientations
Figure 4 : Extrait d’une grille de diagnostic-ressource avec l’exemple d’une caractérisation d’une porte lors d’un diagnostic, établi par Cycle Up. © CycleUp
[1]Dans le cadre de la lois AGEC, récemment mise en application, le diagnostic-déchet a été remplacé par le diagnostic pré-démolition produits-matériaux incluant un diagnostic-ressource, pour toute réhabilitation significative ou démolition d’un bâtiment cumulant une surface de plancher supérieur à 1000m². Source : Cycle Up, https://site.cycle-up.fr/notre-univers-du-reemploi/reglementations/les-evolutions-reglementaires-et-le-reemploi/
[2] La mise en benne des matériaux coûte de plus en plus chère aux entreprises de démolition-curage en raison des taxes environnementales notamment, qui augmente la tonne de DIB (déchet industriel banal). Un paradoxe si l’on quantifie en termes de ressources fossiles et d’énergie nécessaire à la fabrication puis à la destruction de ces mêmes matériaux.
Source : https://takeawaste.fr/pourquoi-les-dechets-en-melange-vont-couter-de-plus-en-plus-cher/
C-Phase de curage : déconstruction et redistribution
La déconstruction
Au démarrage des travaux, les matériaux sélectionnés par la maîtrise d’ouvrage (en vue d’une remise en œuvre sur site par exemple) ou par des repreneurs potentiels sont stockés temporairement sur le chantier dans un espace clos, couvert qui leur est dédié.
La dépose sélective a lieu au cours de la phase de curage. La phase de curage est la première étape des travaux sur un existant. Elle consiste à dépouiller l’ensemble des éléments non constructifs qui composent le bâtiment. Selon l’objet du projet suivra la phase de démolition ou de restructuration.
La dépose sélective est généralement assurée par une entreprise de curage-démolition. Elle peut aussi être accompagnée d’associations d’insertion spécialisées dans la dépose sélective.
Son rôle est de déconstruire de manière soignée les matériaux sélectionnés, de trier puis de les conditionner en vue d’être transporté pour leur seconde vie. Les méthodes de dépose et de conditionnement sont détaillées dans le cahier des clauses techniques particulières (CCTP) de l’entreprise, signé conjointement avec la maîtrise d’ouvrage. Des sociétés spécialisées dans les méthodes de déposes et de conditionnement peuvent assister les entreprises ou la maîtrise d’ouvrage dans le cadre de mission d’accompagnement par exemple.
Pour certains matériaux, la dépose sélective demande un temps supplémentaire comme pour la dépose du parquet massif ou de cloisons vitrées. Il est aujourd’hui comptabilisé par les cureurs, par un prix unitaire de dépose et un prix de conditionnement établit lors de la signature des marchés. Ce prix unitaire est compensé par la vente ou l’économie du DIB à la tonne générée.
Figure 5 : Photo de la dépose des matériaux, enlèvements et stockage dans l’entrepôt du réemploi ®CycleUp
La redistribution
Avant même le développement des diagnostics-ressources, de nombreuses ressourceries ont ouvert en Europe à l’initiative notamment d’associations solidaires, axées vers l’autoconstruction. Par exemple, en région parisienne le réseau francilien du réemploi fondé en 2014 regroupe 47 associations (ressourceries, recycleries et Emmaüs).
Les ressourceries proposent des matériaux variés à des prix nettement inférieurs à ceux du neuf. Généralement ouverte au grand public, on y trouve du mobilier, des équipements ou bien des matériaux bruts comme le bois, une sorte de grande surface de la seconde main.
Aujourd’hui, le réseau de redistribution s’est développé sur le territoire et professionnalisé. Ainsi on peut retrouver :
- Des ressourceries spécialisées dans les matériaux de construction. Elles sont gérées soit par des entreprises indépendantes, soit par les entreprises de curage-démolition, ce qui est notamment le cas aux Pays-Bas et en Belgique.
- Des revendeurs spécialisés dans un domaine. Ils sont souvent amenés à réparer, et reconditionner les matériaux. Ce qui est par exemple le cas de MOBIUS pour les planchers techniques, TRYCYCLE pour le mobilier, ou encore DIEL pour le reconditionnement d’équipement dédié à la sécurité incendie, etc. Certains fabricants commencent aussi à se positionner et développer des procédés de remise en état, notamment dans le domaine des revêtements de sols comme la moquette, des équipements de cuisine collective, des équipements plus techniques comme l’électricité ou la CVC.
- Des revendeurs spécialisés dans le bois, qui récupèrent du bois de charpente en vue d’une réutilisation ou pour une utilisation en bardage ou revêtement.
- Des antiquaires spécialisés dans la recherche d’objets rares.
- Des artisans tels que des menuisiers qui ont besoin d’une petite quantité de matériaux en vue d’un réemploi ou d’une réutilisation précise ou localisée.
- des fabricants qui utilisent des matériaux de réemploi pour produire de nouveaux éléments tels que des fenêtres en bois avec le label FSC.
Le développement des marketplaces[1], comme celle de cycle-up.fr Up, a permis de faire connaître plus largement la quantité de matériaux de réemploi disponible sur le territoire, et de toucher une variété d’acteurs plus large. Les actions comme celles d’Idre, qui opèrent à l’échelle du professionnel, permettent quant à elles de connecter les acteurs locaux entre eux.
Concernant le prix des matériaux issus de la filière du réemploi, les matériaux fournis et posés, reviennent parfois plus chers qu’à du neuf. Cette augmentation s’explique notamment par la nécessité d’avoir recours à plus de main-d’œuvre et de consacrer plus de temps à la réparation, lorsque cela est nécessaire. Avec la valorisation de l’économie circulaire et la diminution des ressources, des optimisations pourront bientôt s’établir afin d’équilibrer les prix[2],de la même manière que pour les matériaux biosourcés.
Figure 6 : Intérieur de la recyclerie de Materiuum à Genève
[1]La marketplace fonctionne sous le principe d’un apport à flux tendu. C’est-à-dire que l’offre est visible sur un temps donné ajouté à une période de retrait.
[2] Retour sur l’expérience Möbius dans un entretien avec Octopus https://octopus.saooti.com/main/pub/podcast/11792
Le réemploi in-situ
Selon le CSTB, l’impact des émissions carbone dans la durée de vie d’un bâtiment est de 56% dans la phase de construction, et de 44% pour son exploitation. [1]Ainsi le réemploi ex-situ permet de créer une multitude de nouveaux métiers, le réemploi in situ est également un levier important en termes d’économie carbone. En effet en termes d’empreinte écologique du bâtiment, le réemploi in-situ permet de limiter considérablement les énergies grises du bâtiment lié à la production et au transport des matériaux.
Aujourd’hui, le réemploi in-situ n’est pas encore généralisé, notamment pour des questions d’assurances qui limitent de manière importante les usages. Toutefois, il est possible de
garantir la fiabilité des matériaux réemployés par la mise en œuvre d’appréciations techniques d’expérimentation (ATEX) qui sont attachées à un projet ou un procédé spécifique ; ou bien par la multiplication de tests par échantillonnage en laboratoire d’un produit pour attester de sa résistance mécanique ou structurelle.
[1] Donnée du CSTB : https://site.cycle-up.fr/
Figure 7 :l ’Actlab est un laboratoire de recherche sur le réemploi. Il a été construit à partir de matériaux collectés localement. Le programme de recherche est piloté par Bellastock. © Bellastock
Figure 8 : Projet pour la construction de 4 ressourceries dans quatre centres de Recyclage initiés par la ville et l’agglomération du Havre. Les bâtiments, entièrement conçus en matériaux de réemploi,y compris la structure, seront ouverts aux particuliers pour la revente d’objets ou de vêtements. Le projet des 4 pavillons sont en cours d’étude par l’agence Archipel Zéro.®Archipelzéro
D- Les Matériaux
En moyenne, un bâtiment de bureaux sera rénové tous les neuf ans et rafraîchit tous les quatre ans. [1]La quantité des matériaux disponibles est donc importante et variée. Les praticiens du réemploi catégorisent d’ailleurs ces matériaux en trois grandes familles :
Tout d’abord, on trouve les matériaux ou produits de série, standardistes ou courants qui sont présents en très grand nombre sur le marché. Le volume de ce gisement se renouvelle régulièrement. On parle de réemploi de filière. [2]
Cette première catégorie regroupe essentiellement des matériaux de second œuvre (portes, cloisons vitrées, luminaires, moquettes, caillebotis, plancher technique stores etc.) et les équipements techniques récurrents (radiateurs, équipements sanitaires, BAES etc.).
La deuxième catégorie comprend des matériaux plus singuliers, qui se distinguent par leur rareté, leur ampleur et/ou leur originalité. Plus ponctuelle, cette pratique s’intègre dans une réflexion globale de projet avec la maîtrise d’œuvre, qu’il soit ex-situ ou in-situ. On parle de réemploi d’opportunité. Il s’agit par exemple d’éléments structurels, de matériaux nobles comme les parements en marbre, le parquet massif ou encore d’équipement très qualitatifs ou de design.
Enfin, la troisième catégorie regroupe les produits « déclassés », qui proviennent des magasins d’approvisionnement classique, ou de surplus qui encombrent par exemple les zones de stockage d’artisans ou de distributeurs. Il peut également s’agir de chute de matériaux. Ces produits neuf conservent leurs avis techniques, rendant leur utilisation plus facile.
À l’inverse, la deuxième catégorie se distingue par les matériaux plus singuliers, qui se caractérisent par leur rareté, leur ampleur et/ou leur originalité. On parle par exemple d’éléments structurels, de matériaux nobles comme les parements en marbre, le parquet massif ou encore d’équipement très qualitatifs ou de design. L’ensemble ne demande pas les mêmes moyens humains et questionnements autour du stockage au plus ou moins long terme. Cette catégorie convoque davantage l’idée d’un réemploi d’opportunité. Plus ponctuelle, cette pratique se cadre dans une réflexion de projet global avec la maîtrise d’œuvre, qu’il soit ex-situ ou in-situ.
[1]Présentation du poids carbone d’un bâtiment par l’observatoire de l’immobilier durable
https://resources.taloen.fr/resources/documents/7765_191210_poids_carbone_ACV_vdef.pdf
[2] Réemploi et conception architecturale, Rapport final février 2020 par Pierre Belli-Riz ENSAG.
https://culturesconstructives-aecc.com/reemploi-et-conception-architecturale-les-ressources-materielles-techniques-et-culturelles-dun-territoire-comme-potentiels-de-projet-soutenable-2503/
2-Regard sur la filière
A- Histoire
La pratique du réemploi a existé à travers les périodes de l’histoire jusqu’à la deuxième moitié du XXe siècle. Sans vraiment qu’elle soit organisée en filière, il est courant d’entendre que de nombreux bâtiments furent construits à partir de vestiges ou de déconstruction d’édifices voisins. Ce phénomène s’explique notamment par l’utilisation de matériaux essentiellement bruts ou peu transformés, qui représentaient une forme d’économie de moyen, favorisant une revalorisation plutôt qu’une nouvelle extraction et transformation de la matière.
C’est à partir des années 60, avec le développement des industries que les matériaux en séries et standardisés ont commencé à s’imposer, au détriment de l’artisanat ou du sur-mesure.
Un nouveau mode de fabrication, couplée avec l’arrivée des matières plastiques et synthétiques, marque le développement massif des matériaux composites notamment pour l’isolation et les revêtements. De nouveaux procédés qui posent des problématiques nouvelles de valorisation en cas de démolition, modifiant radicalement la vision du déchet dans le bâtiment.
Même si la vision culturelle et juridique autour du déchet est différente d’un pays à un autre. La culture du Re-use et du faire avec semble avoir commencée dès les années 70 aux États-Unis, avec des mouvements s’opposant à la société de consommation.
En Europe, c’est le collectif belge, ROTOR qui est un pionnier du mouvement. Ce groupement d’architectes qui s’est spécialisé dès les années 2000 dans le démontage et la revente de matériaux, et qui est à l’origine de l’ouvrage Déconstruction et réemploi. Puis en 2019, il a engagé le programme européen FCRBE ( Facilitating the Circulation of Reclaimed Building Elemens).[1]
Il vise à développer des outils et des méthodes pour augmenter de 50% la quantité de matériaux de réemploi d’ici 2032, notamment en favorisant leur circulation dans le nord-ouest de l’Europe, dont la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l’Irlande. Parmi les 8 partenaires, on retrouve des praticiens du réemploi et des institutions, tels que le CSTB et Bellastock.
Dans le cadre du programme, ROTOR a créé l’outil en ligne OPALIS, un annuaire regroupant plus de 300 fournisseurs de matériaux de réemploi en Belgique, en France et aux Pays-Bas.
D’autres sites en lignes ont également émergé pour sensibiliser et informer le public à l’échelle nationale :
- En France, on trouve le site Matériaux.com,qui regroupe les dernières actualités sur le réemploi. Il fournit aussi des informations sur les bonnes pratiques du point de vue légal ainsi qu’un annuaire d’acteurs de professionnels spécialisés dans la pratique du réemploi et des exemples de mises en œuvre.
- Aux Pays-Bas, on trouve le site Oogstkaartqui fonctionne de la même manière qu’Opalis.
- Au Royaume-Uni, on trouve le site SalvoWeb[2], initié par l’entreprise Salvo Ltd, qui recense une liste de fournisseurs de matériaux de réemploi ainsi qu’un magasin en ligne avec une plateforme de petites annonces. L’entreprise Salvo Ltd fait aussi partie du programme FCRBE.
Plus particulièrement en France, ce sont l’exposition Matière grise d’Encore Heureux en 2017, les expérimentations de Bellastok et la loi Permis de faire initiée par Patrick Bouchain qui ont inscrit durablement le réemploi dans les débats de la construction.
En 2020, 36 organismes dont le CSTB, Socotec, ou encore des maîtrises d’ouvrages tels Icade, Groupama Immobilier se sont rassemblées dans un Réseau appelé le Booster du réemploi. Ce réseau a notamment permis de développer une marketplace, Looping immo, qui permet aux maîtrises d’ouvrage de poster leur besoin en matériaux pour de futurs projets.
[1]Site internet du programme : https://www.nweurope.eu/projects/project-search/fcrbe-facilitating-the-circulation-of-reclaimed-building-elements-in-northwestern-europe/
[2]Site internet de Salvo LTd : https://www.salvoweb.com/salvo-directory, dispose d’un annuaire depuis 1995 dans des régions du monde entiers.
Figure 9 : cartes interactives présentant les différents acteurs du réemploi, architectes, bureaux d’études, revendeurs, entreprises, etc. présentes sur le territoire Européens.
La pratique du réemploi a existé à travers les périodes de l’histoire jusqu’à la deuxième moitié du XXe siècle. Sans vraiment qu’elle soit organisée en filière, il est courant d’entendre que de nombreux bâtiments furent construits à partir de vestiges ou de déconstruction d’édifices voisins. Ce phénomène s’explique notamment par l’utilisation de matériaux essentiellement bruts ou peu transformés, qui représentaient une forme d’économie de moyen, favorisant une revalorisation plutôt qu’une nouvelle extraction et transformation de la matière.
C’est à partir des années 60, avec le développement des industries que les matériaux en séries et standardisés ont commencé à s’imposer, au détriment de l’artisanat ou du sur-mesure.
Un nouveau mode de fabrication, couplée avec l’arrivée des matières plastiques et synthétiques, marque le développement massif des matériaux composites notamment pour l’isolation et les revêtements. De nouveaux procédés qui posent des problématiques nouvelles de valorisation en cas de démolition, modifiant radicalement la vision du déchet dans le bâtiment.
Même si la vision culturelle et juridique autour du déchet est différente d’un pays à un autre. La culture du Re-use et du faire avec semble avoir commencée dès les années 70 aux États-Unis, avec des mouvements s’opposant à la société de consommation.
En Europe, c’est le collectif belge, ROTOR qui est un pionnier du mouvement. Ce groupement d’architectes qui s’est spécialisé dès les années 2000 dans le démontage et la revente de matériaux, et qui est à l’origine de l’ouvrage Déconstruction et réemploi. Puis en 2019, il a engagé le programme européen FCRBE ( Facilitating the Circulation of Reclaimed Building Elemens).[1]
Il vise à développer des outils et des méthodes pour augmenter de 50% la quantité de matériaux de réemploi d’ici 2032, notamment en favorisant leur circulation dans le nord-ouest de l’Europe, dont la France, la Belgique, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l’Irlande. Parmi les 8 partenaires, on retrouve des praticiens du réemploi et des institutions, tels que le CSTB et Bellastock.
Dans le cadre du programme, ROTOR a créé l’outil en ligne OPALIS, un annuaire regroupant plus de 300 fournisseurs de matériaux de réemploi en Belgique, en France et aux Pays-Bas.
D’autres sites en lignes ont également émergé pour sensibiliser et informer le public à l’échelle nationale :
- En France, on trouve le site Matériaux.com,qui regroupe les dernières actualités sur le réemploi. Il fournit aussi des informations sur les bonnes pratiques du point de vue légal ainsi qu’un annuaire d’acteurs de professionnels spécialisés dans la pratique du réemploi et des exemples de mises en œuvre.
- Aux Pays-Bas, on trouve le site Oogstkaartqui fonctionne de la même manière qu’Opalis.
- Au Royaume-Uni, on trouve le site SalvoWeb[2], initié par l’entreprise Salvo Ltd, qui recense une liste de fournisseurs de matériaux de réemploi ainsi qu’un magasin en ligne avec une plateforme de petites annonces. L’entreprise Salvo Ltd fait aussi partie du programme FCRBE.
Plus particulièrement en France, ce sont l’exposition Matière grise d’Encore Heureux en 2017, les expérimentations de Bellastok et la loi Permis de faire initiée par Patrick Bouchain qui ont inscrit durablement le réemploi dans les débats de la construction.
En 2020, 36 organismes dont le CSTB, Socotec, ou encore des maîtrises d’ouvrages tels Icade, Groupama Immobilier se sont rassemblées dans un Réseau appelé le Booster du réemploi. Ce réseau a notamment permis de développer une marketplace, Looping immo, qui permet aux maîtrises d’ouvrage de poster leur besoin en matériaux pour de futurs projets.
[1]Site internet du programme : https://www.nweurope.eu/projects/project-search/fcrbe-facilitating-the-circulation-of-reclaimed-building-elements-in-northwestern-europe/
[2]Site internet de Salvo LTd : https://www.salvoweb.com/salvo-directory, dispose d’un annuaire depuis 1995 dans des régions du monde entiers.
Figure 9 : cartes interactives présentant les différents acteurs du réemploi, architectes, bureaux d’études, revendeurs, entreprises, etc. présentes sur le territoire Européens.
B-Trois exemples de la pratique
La filière du réemploi se structure et implique une multitude d’acteurs qui travaillent sur des échelles d’actions différentes. Si certaines actions vont ciblent les particuliers ou les professionnelles d’une région précise. D’autres investissent sur des échelles quasi industrielles.
Matériuum
Matériuum[1], est une association à but non lucratif créée en 2015 et basée à Genève. Elle s’est développée à l’initiative de 5 professionnelles du monde et de la culture et de la construction qui souhaitaient valoriser la scénographie des lieux culturels vouée à être jetée. Différent.e.s bénévoles ont alors rejoint le groupe issue de métiers différents, pour déposer et collecter les matériaux pour des projets d’aménagement intérieur et de design. Peu à peu, l’association s’est fait connaître avec des projets de démolition de plus en plus importants. Ce changement d’échelle impliqua alors une nouvelle organisation et logistique de la pratique à l’échelle du territoire, notamment en travaillant davantage en collaboration avec les entreprises de curage.
L'association possède aujourd'hui une marketplace couplée à une application développée en interne permettant d’inventorier plus facilement les produits. Aujourd’hui, Matériuum travaille avec une grande partie des acteurs de la construction ainsi que du monde de la culture afin de développer la filière. Au-delà de ses membres, elle ouvre au maximum ses chantiers aux étudiant.e.s et aux professionnel.les. afin de les sensibiliser et les former à la déconstruction. Elle développe en parallèle une activité de AMO afin de sensibiliser les villes et former les entreprises à cette pratique. Depuis février 2020, elle dispose d’un espace de stockage au sein de la MACO, à Genève.
La MACO [2], est un groupement de sept associations de l’économie circulaire qui se partagent un bâtiment industriel prêté par la ville. On retrouve notamment un fablab, une bibliothèque d’objet pour les particuliers, un atelier autour du recyclage du plastique ainsi qu’une friperie d’échange de vêtements. Le but du groupement est de développer un lieu social, d’échange et de partage autour des nouveaux métiers de l’économie circulaire.
[1]Site internet et marketplace de Materiuum. https://materiuum.ch/
[2]Site internet de la MACO https://lamaco.ch/
Figure 10 : Visite d’un chantier en cours de curage et d’enlèvement avec Matériuum. On retrouve du parquet, portes lumianires etc. ®Matières Vives
Figure 13 : Visite de la MACO ®VanessaLam / 20min et ®Matières Vives
IDRE - Interprofessionnelle de la déconstruction et du réemploi
IDRE[1], est une association à but non lucratif basée à Pau. Elle est composée d’architectes et de membres issus de métiers différents, qui apportent une expérience et un savoir-faire plus technique. L’association créée par Raphaël Fourquemin en 2018, est fortement imprégnée des valeurs de l’économie sociale et solidaire auxquelles s’ajoute la volonté de s’inscrire dans le tissu professionnel local.
Dans ce sens, l’association a établi une présidence élargie, et compte au total 13 coprésidents. Une dizaine d’entre eux font d’ailleurs partie d’organisations, collectifs ou d’associations de la région Nouvelle Aquitaine tels que le Pavillon de l’architecture de Pau, la ressourcerie PATXA’MA d’Anglet ou encore l’institut pour la transition écologique Nobatek-INEF4.
Actuellement, IDRE se structure pour développer une offre globale de formation aux métiers de la déconstruction et du réemploi. C’est dans une vision globale et territoriale qu’IDRE a également développé une équipe d’AMO qui propose avec ses membres tous les services nécessaires à la mise en œuvre de la déconstruction et du réemploi. Cela conduit par nature éthique et créatrice de richesse du réemploi à valoriser les métiers du bâtiment.
D’ailleurs, l’association en partenariat avec les Compagnons Bâtisseurs et avec le soutien de l’agglomération de Pau, ce sont engagé à faire vivre un Centre de Ressources inédit d’ici 2022. L’objectif est de réunir dans un seul lieu : un espace de formation, de recherche et d’expérimentation, des espaces de coworking et d’incubation d’activité de remise en état et de transformation des matériaux, des espaces partagés de travail ainsi qu’un espace de stockage temporaire des matériaux en transit et la plateforme physique Soli’Bât gérée par les compagnons bâtisseurs.
Chacun des adhérents nourrissant l’association avec ses propres retours d’expérience, cela permet de multiplier les exemples de déconstruction et de remise en œuvre. Ce savoir-faire par le chantier permet de développer des outils techniques partagés, comme par exemple des fiches de dépose des matériaux, qui sont essentielles pour former les entreprises de démolition à la dépose sélective. La connaissance des acteurs locaux, de la scierie au charpentier, a permis d’établir des connexions entre les acteurs et de fiabiliser durablement la pratique. Par exemple, dans le domaine du VRD, la reconnaissance des végétaux durant l'étude ressources peut permettre de leur trouver un nouveau lieu de vie grâce aux pépiniéristes locaux. Lorsque les contraintes techniques sont trop importantes pour ne pas abattre certains arbres, ceux-ci sont valorisés à la gruminette ou par une scierie mobile.
Au-delà de l’objectif de générer des économies carbones, le travail de l’association mené sur le réemploi nous montre que celui-ci joue un rôle essentiel dans la reconnexion des savoirs-faire locaux autour d’un projet et comment il peut être source d’innovation.
[1]Site internet d’IDRE http://www.idre-dc.org/
Figure 15 : Premier chantier expérimental mené par Raphaël Fourquemin, architecte et urbaniste, membre fondateur de l’association. Le projet consistait à déposer et réemployer in situ la quasi-totalité des matériaux d’un ancien restaurant, « La Capoeira » pour devenir une maison de ville bioclimatique.
® IDRE
Figure 11 : Réunion avec les acteurs du bâtiment sur le sujet de la déconstruction.
®Idre / Opal
[1]Site internet d’IDRE http://www.idre-dc.org/
[2] Soli’bât recueille des dons en matériaux et matériels auprès d’entreprises, de fournisseurs pour les redistribuer dans le cadre de réhabilitation de logement pour les familles modestes. La remise en œuvre est encadrée par l’association les Compagnons Bâtisseurs, qui met en œuvre des chantiers solidaires en promouvant l’insertion sociale par le logement et la formation
Site internet https://www.soli-bat.fr/ et https://www.compagnonsbatisseurs.eu/
Cycle Up
Cycle Up[1] a été fondée en 2017, par trois salariés issus du groupe Egis et de la foncière Icade, avec notamment pour objectif de convertir les grandes entreprises immobilières à la pratique du réemploi des matériaux.
Suite au constat d’un gaspillage important sur les opérations, une des premières actions de la société a été de développer une marketplace nationale réservée aux professionnels afin de diffuser massivement et facilement les informations sur les matériaux sur le territoire.
L’achat de matériaux sur la marketplace permet d’obtenir une assurance appelée, CYCLE SECURE. Elle assure l’état et le fonctionnement des matériaux destinés à un aménagement intérieur ou d’un équipement urbain ou extérieur. Cette garantie valable deux ans, concerne une quantité importante des matériaux présents sur la plateforme. Par ailleurs, un bilan CO2 est calculé sur l’ensemble des ventes effectuées, à l’attention des vendeurs. Ces initiatives ont permis d’engager de nombreuses premières expériences auprès de repreneurs aux profils variés (entrepreneurs, artisans, architectes, etc.).
Parallèlement, une équipe d’AMO/AMOE s’est construite pour accompagner les maîtrises d’ouvrage, les MOE et les entreprises à la prévention des déchets dans toutes les étapes d’un projet comprenant du diagnostic-ressource, à la commercialisation sur la marketplace et au suivi de l’entreprise missionnée pour les phases de curage et démolition. Les compétences de l’équipe AMO se sont diversifé avec l’arrivée d’ingénieurs et d’architectes afin de travailler sur la remise en œuvre des matériaux en phase de conception et d’exécution, en collaboration avec les architectes de chacun des projets.
Au fur et à mesure des expériences, Cycle Up a mis au point des outils digitaux pour les professionnels afin de rendre la pratique du diagnostic plus accessible et systématique, notamment avec l’application DIAG-IT[2]qui permet de générer l’inventaire d’un site ainsi qu’un module BIM pour visualiser les différents matériaux sur un projet. Chacun des matériaux dispose ensuite d’une fiche produit pouvant servir à la vente ou aux dons.
Enfin, les ventes augmentant, une troisième équipe s’est constituée pour trouver de nouveaux repreneurs et accompagner davantage les entreprises de curage dans la déconstruction. C’est dans ce sens, que Cycle Up et Bouvelot Tp ce sont associés pour créer l’entrepôt du Réemploi, une plateforme physique temporaire de deux ans pour stocker et vendre des matériaux issus des chantiers de déconstruction voisins ou partenaires.
Figure 12 : Cycle Up a ouvert en juin dernier un showroom dans le centre de Paris ouvert au public pour présenter et former les professionnels au réemploi. ® CycleUp
Figure 13 : Enlèvement depuis l’entrepôt du Réemploi initié par Cycle Up et Bouvelot Tp
® CycleUp
[1]Site internet de Cycle Up https://www.cycle-up.fr/
[2]Site internet DIAG IT https://diag-it.fr/
3- Le réemploi en architecture
A- Une pratique ancienne et social Comme nous l’avons vu précédemment, même si le réemploi n’a jamais été revendiqué comme une « pratique » à part entière, à toute les époques de l’histoire de nombreux bâtiments furent construits à partir de vestiges ou de déconstruction d’édifices voisins.
Il est possible d’en retrouver des traces en analysant la composition de certains bâtiments ou dans des documents d’archives attestant de la vente de matériaux. Par exemple, la Révolution française a été marquée par la revente de matériaux issus de la démolition d’anciens bâtiments comme la prison de la Bastille. Encore aujourd’hui, il est possible de trouver sur certaines résidences parisiennes une trace visible de cette époque. [1]
Le réemploi également a aussi été intégré dans des pratiques sociales et solidaires avec des associations ou des particuliers qui ont eu recourt à la réutilisation pour se loger à moindre coût. On trouve de nombreux exemples d’habitats et d’édifices construits à partir de carton, de bouteilles plastiques ou encore des pare-brises. Depuis les années 90 le programme Rural Studio de l’école d’architecture et de paysage d’Alabama aux États-Unis, construit avec les étudiants des habitats à partir des matériaux du site ou considérés comme des déchets, comme l’emblématique maison de Lucy mise en oeuvre à partir d’un gisement de moquette. En 1994, Shigeru Ban a développé la Paper logs House, des habitats d’urgence à partir de carton et de caisses de bières pour les réfugiés de séismes ou de la guerre du Rwanda.
Enfin, le réemploi a aussi émergé lors de festivals ou d’évènements éphémères tournés autour de l’expérimentation et l’artisanat, comme l’organise chaque année depuis 2006 Bellastock.
Figure 14 : Dessin sur la maison de Jean Prouvé à Nancy en 1954. ®Matières vives
Jean Prouvé a construit sa maison à partir de panneaux préfabriqués initialement prévus pour des silos grands. Pour des raisons économiques, il récupéra des panneaux métalliques, poutres, reste de bois provenant de son ancienne usine. D’une certaine manière, le travail de Jean Prouvé peut-être vu comme précurseur en termes de savoir-faire autour de la réutilisation et de préfabrication.
[1] Concevoir et mettre en œuvre vers une « architecture du réemploi », p135. Réemploi et conception architecturale, Rapport final février 2020 par Pierre Belli-Riz ENSAG.
https://culturesconstructives-aecc.com/reemploi-et-conception-architecturale-les-ressources-materielles-techniques-et-culturelles-dun-territoire-comme-potentiels-de-projet-soutenable-2503/
B- Le réemploi à toutes les échelles
Aujourd’hui, de nombreuses agences s’emparent du réemploi et l’intègrent dans leur projet pour sensibiliser aussi bien les particuliers que les acteurs privés ou publics. Au-delà de l’impact environnemental, la pratique du réemploi permet aussi de dégager le caractère patrimonial ou culturel d’un lieu, et de l’inscrire dans un processus créatif.
En France, NA ! Architecture, Atelier Aïno, Studio Zéro ou encore BFV architectes ont expérimenté différents principes constructifs.[1]Ces actions ne seraient pas possibles sans une nouvelle forme de collaboration avec les bureaux d’études et maîtres d’ouvrages engagés dans une démarche environnementale.
Dans le design, la pratique est devenue courante et lucrative. De nombreuses microentreprises telles que, pinp your waste, ou le collectif tournesol ainsi que des associations d’upcycling, se sont développées pour sensibiliser le grand public. Aujourd’hui les espaces publics, et les intérieurs regorgent d’exemple de réutilisation.
Ci-après deux exemples récents de bâtiments qui ont intégré le principe du réemploi dans leur projet.
[1] BFV architectes, avec le bâtiment Pulse, siège social des JO 2024, ont réemployé du faux-plancher et des mains courantes pour l’ensemble du bâtiment. À l’inverse pour une crèche, en collaboration avec Bellastock, ils ont conçu une façade en chêne massif à partir des anciennes portes palières récupérées et transformées du bâtiment existant. NA ! Architecture collecte des gravats issue de la démolition pour en faire un mur ou des containers pour un théâtre. Ils engagent au sein de l’agence et au sein de l’ENSAG une méthode de travail intégrant du réemploi au sein des projets. Atelier Aïno a été lauréat AJAP 2O18 pour leur travail sur Marseille ancré dans le territoire, en travaillant avec les habitants, les matériaux existants et la mémoire du lieu.
Le projet résidentiel Ressource-Row à Copenhague
Le projet Ressource-Row porté par le groupe Lendager[1] est un immeuble collectif regroupant 28 maisons et 63 appartements sur une superficie totale de 9000 m². Ce projet d’envergure a été conçu en intégrant la question du réemploi dans le concept architectural.Aux alentours du projet se trouvaient des maisons abandonnées en brique jointées dans un mortier de ciment. Les architectes ont alors décidé de valoriser plus de la moitié des murs existant en les sciant par pans de 1 mètre par 1 mètre pour les intégrer dans des modules préfabriqués pour les façades du projet. Certaines briques ont pu être quant à elles démantelées une à une et remontées dans les modules.
En utilisant les matériaux de réemploi dans un processus de préfabrication, les architectes ont pu travailler sur la composition de chaque panneau et adapter le dessin initial aux gisements. Ce travail a permis de créer une nouvelle proximité entre l’architecte, les entreprises et la ressource, de générer un travail à partir de la ressource proche de l’artisanat.
De plus, travailler avec un procédé de préfabrication sous forme module permet d’anticiper une déconstruction si le projet est amené à évoluer.
D’autres matériaux ont été intégrés au projet tel que les sols intérieurs et du bois de réemploi pour les terrasses extérieures [2] le platelage des toitures et certaines fenêtres des maisons. Le bois réemployé provient des caisses de bois ayant servi de transports pour des modules de béton pour le métro de Copenhague.
D’après le calcul des architectes, chaque brique réutilisée a permis d’économiser environ 500 g de CO2 d’émissions dans l’atmosphère, et dans l’ensemble, l’empreinte carbone des travaux de la construction est d’environ 12 % inférieure à celle d’une nouvelle construction conventionnelle. Cette donnée intègre également le système de récupération des eaux pluviales pour les sanitaires et la pompe à chaleur prévue dans le projet.
Figure 15: Logements collectifs Ressource Row par Lendager ARC ® Lendager Group
[1] Lendager est une société danoise spécialisée dans l’économie circulaire. Elle a développé des matériaux recyclés et les met en œuvre dans le cadre de projets d’architecture.
Site internet https://lendager.com/
[2] Les terrasses extérieures ont été brûlées selon la méthode du Shou Sugi Ban. C’est une technique ancestrale au Japon qui consiste à carboniser la couche superficielle du bois pour le rendre plus résistant à l’eau et aux insectes. Cette technique a été depuis largement utilisée dans les pays scandinaves. Ce traitement donne aux bois une matérialité particulière résolument contemporaine. La société Aplomb en Rhône Alpes a développé dans ce sens une filière de bardage en bois brûlé à partir d’anciens planchers collectés. https://opalis.eu/fr/revendeurs/ecomat
La ferme des possibles à Stains
Livrée en 2021, la ferme des possibles, également appelé Résilience a été conçue par l’agence Archipel zéro basée en Seine-Saint-Denis, spécialisé dans l’architecture bioclimatique et bas carbone. [1]
La ferme des possibles est un projet qui a été marqué par une volonté forte de la maîtrise d’ouvrage, Novaedia, de construire un bâtiment novateur en terme d’utilisation des matériaux géosourcés, biosourcés et de réemploi. Le bâtiment est en structure bois en lamellé-collé, réalisée avec du bois français. Les façades extérieures sont composées de caissons préfabriqués remplis de paille et enduits de terre. Les façades vitrées ont quant à elles étés réalisées à partir d’un gisement de 700m² de fenêtres en bois issues de la rénovation thermique de logements sociaux à Épinay-sur-Seine.
D’autres matériaux de réemploi ont été mis en œuvre dans la construction tels que des dalles de granits, des cloisons escamotables, des portes vitrées, etc. Leurs origines sont multiples : Bellastock, Métabolisme urbain, Réavie, le Bon Coin, la Mairie de Paris ou collectés par les entreprises elles-mêmes sur leurs chantiers de rénovation.
Les entreprises ont collaboré de manière étroite avec les architectes en leur faisant des pro-positions de réemploi, notamment pour les appareillages électrique et de plomberie, créant un véritable échange entre tous les acteurs.
Archipel Zéro a également travaillé sur des principes lowtech avec l’utilisation des terres ex-cavées du site pour faire des briques de BTC utilisées pour un mur trombe ou encore avec l’utilisation de carton dans les enduits de finition en terre afin de remplacer le sable.
Enfin, une partie des travaux a été réalisée via des chantiers participatifs notamment les en-duits, ce qui a contribué à ancrer davantage le projet dans son territoire.
Au total le bâtiment de 1880m², a coûté 4,1 millions d’euros HT, soit environ 20% de plus qu’une construction traditionnelle. Ce surcoût s’explique notamment par le côté encore peu commun de la démarche. Néanmoins compte tenu de la mise en œuvre de principes bioclima-tiques, les coûts initiaux seront largement compensés à terme dans l’exploitation du bâtiment.
Figure 16: La fermes des possibles par Archipel Zéro ®Archipel Zéro
[1] Site internet d’Archipel Zéro http://www.archipelzero.fr/resilience
Conclusion / Regard critique :
Le réemploi connaît aujourd’hui un renouveau important. L’évolution normative, l’urgence éco-logique, les évolutions culturelles favorisent les initiatives circulaires incluant le réemploi.
Les organismes européens, les instituts ainsi que les praticiens du réemploi (architectes, ingé-nieurs, entreprises, etc.) sont à pied d’œuvre pour structurer la filière et créer un réseau de professionnelles actifs sur le territoire.
Même si la RE 2020 décrit clairement une partie sur le cycle de vie des matériaux, un frein culturel persiste sur l’utilisation du « vieux », valorisant davantage le recyclage. La caractérisation des matériaux, la mise œuvre de méthode et d’outil sur la base d’expériences ne pourront que faciliter un changement commun.
Les agences Superuse aux Pays-Bas, Archipel zéro et autant d’autres, nous montrent que le réemploi peut s’intégrer de manières variées et inventives dans les projets à toutes les échelles. C’est en massifiant le réemploi dans les projets que les barrières réglementaires et d’assurances pourront alors évoluées, rendant la pratique plus fluide et courante.
Les champs d’application du réemploi sont vastes, le sujet est passionnant et constitue un réel challenge pour les architectes que nous sommes.
Merci à Cycle Upe, Matériuum et Idre pour leurs partages et les visites.
Pour plus d’informations, site internet de Matériuum, d’IDRE et de Cycle Up :
https://materiuum.ch/ http://www.idre-dc.org/ https://www.cycle-up.fr/