Bretagne Granits / J8
Introduction
Le granit est une roche magmatique dure qui apparaît dans de nombreuses constructions traditionnelles bretonnes. On en connaît son aspect granuleux et ses nuances de couleurs si particulières. Toutefois de la formation géologique, aux linteaux de nos maisons toute une transformation est appliquée sur la roche pour en faire un matériau de construction.
Nous proposons par cet article de découvrir le granit et les savoir-faire qui gravitent autour de cette roche.
Nous avons en conséquence rencontré au jour 8 de notre voyage l’entreprise Bretagne Granits, et notamment Thomas Lecorguille, directeur commercial de l’entreprise, qui nous a permis de découvrir l’ensemble du cycle de transformation du granit dans l’usine de La Pyrie, Le Hinglé.
Figure 1 : texture de granit © Matières Vives
1 -Le Granite
1- a-Définition
Granite
« Roche éruptive dure, d'aspect granuleux et de teinte variable, composée de feldspath, de mica et de quartz »
Roche
« Masse de pierre qui affleure, ou qui est isolée au-dessus de la surface du sol en blocs importants »
Le granite est une roche qu’il convient d’écrire à la façon stricte des géologues pour désigner une roche cristalline d’origine profonde composée de cristaux bien discernables à l’oeil nu : du quartz ( blanc, translucide) du feldspath , blanc ou rose, et du mica généralement noir.
Le granit (de l’italien granito, « grenu ») désigne, dans le monde des matériaux de construction, tout matériau naturel ayant l’aspect d’une roche à structure grenue (entièrement cristallisée et sans orientation particulière) et en général très dure, très résistante à l’usure.
Pour la suite de l’article nous utiliserons l’orthographe usuel granit.
Figure 2: Carrière de granit de Louvigné du désert © Matières Vives
Figure 3: Roche de granit © Pairform
1- b- Géologie
Les granits sont des roches éruptives qui représentent un élément important de la croûte continentale terrestre[1]. Dans certaines régions du monde (Afrique du Sud, Nord-Est du Brésil, Nord-Ouest de l’Australie), ils constituent jusqu’à 75 % de la surface des roches exposées. La collision de plaques continentales a pour effets essentiels la formation de grandes zones de déformation, mais aussi la production de granit. Les affleurements de granit à la surface occupent souvent de grandes étendues, et peuvent se prolonger sous terre sur plusieurs kilomètres, formant de véritables "gisements" de granite à ciel ouvert. Toutefois, dans la majorité des cas, ces "gisements" sont enterrés, à plusieurs kilomètres de profondeur, sous des couches de sédiments assez épaisses.
Les chaînes de montagne qui sont généralement la conséquence d’une superposition de plaques sont souvent constituées en leur centre de roche magmatique tel que le granite. Lorsque de vieilles chaînes montagneuses viennent à s’éroder, comme le massif armoricain[2] , elles laissent apparaître en surface du granit. C’est le cas de la « côte rose » en bretagne à Perros-Guirec ou les formations de granite rose façonnent le littoral. Le massif breton comprend de nombreux gisements de granits aux couleurs et grains très différents. C’est dans ce territoire que nous décidons de découvrir cette pierre et les constructions qui en découlent.
[1] Croûte continentale : La croûte continentale constitue l'armature des continents et des zones de fond marin peu profond près de leurs côtes, appelées plateaux continentaux, par opposition à la croûte océanique qui forme le fond des océans. Elle forme, avec le manteau lithosphérique sous-jacent, la lithosphère continentale. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cro%C3%BBte_continentale
[2] Massif armoricain : Unité géologique formée de terrains cristallins et paléozoïques, qui s'étend sur l'ouest de la France, en Bretagne, en Vendée, dans l'Anjou et le bas Maine et dans la Normandie occidentale, culminant à 417 m à la forêt d'Écouves et au signal des Avaloirs. Source : https://www.larousse.fr/encyclopedie/mont/Massif_armoricain/106152
Le granit est une roche magmatique dure qui apparaît dans de nombreuses constructions traditionnelles bretonnes. On en connaît son aspect granuleux et ses nuances de couleurs si particulières. Toutefois de la formation géologique, aux linteaux de nos maisons toute une transformation est appliquée sur la roche pour en faire un matériau de construction.
Nous proposons par cet article de découvrir le granit et les savoir-faire qui gravitent autour de cette roche.
Nous avons en conséquence rencontré au jour 8 de notre voyage l’entreprise Bretagne Granits, et notamment Thomas Lecorguille, directeur commercial de l’entreprise, qui nous a permis de découvrir l’ensemble du cycle de transformation du granit dans l’usine de La Pyrie, Le Hinglé.
Figure 1 : texture de granit © Matières Vives
1 -Le Granite
1- a-Définition
Granite
« Roche éruptive dure, d'aspect granuleux et de teinte variable, composée de feldspath, de mica et de quartz »
Roche
« Masse de pierre qui affleure, ou qui est isolée au-dessus de la surface du sol en blocs importants »
Le granite est une roche qu’il convient d’écrire à la façon stricte des géologues pour désigner une roche cristalline d’origine profonde composée de cristaux bien discernables à l’oeil nu : du quartz ( blanc, translucide) du feldspath , blanc ou rose, et du mica généralement noir.
Le granit (de l’italien granito, « grenu ») désigne, dans le monde des matériaux de construction, tout matériau naturel ayant l’aspect d’une roche à structure grenue (entièrement cristallisée et sans orientation particulière) et en général très dure, très résistante à l’usure.
Pour la suite de l’article nous utiliserons l’orthographe usuel granit.
Figure 2: Carrière de granit de Louvigné du désert © Matières Vives
Figure 3: Roche de granit © Pairform
1- b- Géologie
Les granits sont des roches éruptives qui représentent un élément important de la croûte continentale terrestre[1]. Dans certaines régions du monde (Afrique du Sud, Nord-Est du Brésil, Nord-Ouest de l’Australie), ils constituent jusqu’à 75 % de la surface des roches exposées. La collision de plaques continentales a pour effets essentiels la formation de grandes zones de déformation, mais aussi la production de granit. Les affleurements de granit à la surface occupent souvent de grandes étendues, et peuvent se prolonger sous terre sur plusieurs kilomètres, formant de véritables "gisements" de granite à ciel ouvert. Toutefois, dans la majorité des cas, ces "gisements" sont enterrés, à plusieurs kilomètres de profondeur, sous des couches de sédiments assez épaisses.
Les chaînes de montagne qui sont généralement la conséquence d’une superposition de plaques sont souvent constituées en leur centre de roche magmatique tel que le granite. Lorsque de vieilles chaînes montagneuses viennent à s’éroder, comme le massif armoricain[2] , elles laissent apparaître en surface du granit. C’est le cas de la « côte rose » en bretagne à Perros-Guirec ou les formations de granite rose façonnent le littoral. Le massif breton comprend de nombreux gisements de granits aux couleurs et grains très différents. C’est dans ce territoire que nous décidons de découvrir cette pierre et les constructions qui en découlent.
[1] Croûte continentale : La croûte continentale constitue l'armature des continents et des zones de fond marin peu profond près de leurs côtes, appelées plateaux continentaux, par opposition à la croûte océanique qui forme le fond des océans. Elle forme, avec le manteau lithosphérique sous-jacent, la lithosphère continentale. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cro%C3%BBte_continentale
[2] Massif armoricain : Unité géologique formée de terrains cristallins et paléozoïques, qui s'étend sur l'ouest de la France, en Bretagne, en Vendée, dans l'Anjou et le bas Maine et dans la Normandie occidentale, culminant à 417 m à la forêt d'Écouves et au signal des Avaloirs. Source : https://www.larousse.fr/encyclopedie/mont/Massif_armoricain/106152
- Granites
- Monzogranites
- Grès et schiste palézoique
- schistes quartzites
Figure 4 : Carte géologique de la Bretagne et failles associées, © Eds BRGM
1- c- Matériau de construction
Le granit est utilisé comme matériau de construction (maçonnerie) ou d’empierrement (moellons), on en trouve également dans nos rues, comme bordure de trottoir et parfois en pavé de sol. C’est une roche extrêmement dure qui se désagrège très peu face à l’humidité contrairement aux schistes [3] ou à d’autres pierres tendres [4].
De fait sa haute résistance mais également son esthétique mouchetée aux multiples nuances de couleurs ont fait que cette roche a permis l’édification de multiples constructions humaines, des menhirs et dolmens, des phares, mais également des forts et ouvrages d’art comme le viaduc de Daoulas.
L’exemple le plus connu est peut-être l’obélisque de Louxor qui trône aujourd’hui sur la place de la concorde avec pour base un socle en granit.
Outre ces constructions exceptionnelles notre regard s’est porté sur des architectures bretonnes plus « communes » notamment les maisons traditionnelles comme la longère. Cette dernière qui, suivant sa localisation en Bretagne, n’est pas exclusivement construite en granit, a tout de même souvent vu ses murs s’ériger avec la roche magmatique. C’est encore plus souvent le cas pour les villes proches de carrière de granit comme le village de la Hinglé.
A la veille de notre rencontre avec l’entreprise Bretagne granits, nous découvrons ce village minéral où le granit est présent dans l’ensemble des maisons de la ville mais également dans son église et sa mairie.
La roche y est omniprésente mais la vie dans une maison en granit est-elle confortable ? L’habitat est-il humide ? Le prix de mise en œuvre est-il élevé ?
En bref, le granit, utilisé par nos aînés, a-t-il des atouts que nous pourrions appliquer dans des constructions contemporaines ?
Nous tenterons de répondre à ces questions grâce aux échanges réalisés avec l’entreprise Bretagne Granits, fort d’un savoir-faire de plus d’un siècle.
[3] Schiste : Roche de constitution très variable, caractérisée par une texture feuilletée résultant d'une forte compression, de contraintes tectoniques ou du métamorphisme; roche sédimentaire ou faiblement métamorphique dérivant de sédiments essentiellement argileux. Source : https://www.cnrtl.fr/definition/schiste
[4] Pierre tendre : Les pierres utilisées en construction peuvent se répartir en deux classes - la première comprend les pierres dures, la seconde les pierres tendres (Le poids du pied cube de la première est d'environ 155 livres, et celui de la seconde est d'environ 120 livres) source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lexique_de_la_pierre_naturelle#Pierre_dure_ou_tendre
Le granit est utilisé comme matériau de construction (maçonnerie) ou d’empierrement (moellons), on en trouve également dans nos rues, comme bordure de trottoir et parfois en pavé de sol. C’est une roche extrêmement dure qui se désagrège très peu face à l’humidité contrairement aux schistes [3] ou à d’autres pierres tendres [4].
De fait sa haute résistance mais également son esthétique mouchetée aux multiples nuances de couleurs ont fait que cette roche a permis l’édification de multiples constructions humaines, des menhirs et dolmens, des phares, mais également des forts et ouvrages d’art comme le viaduc de Daoulas.
L’exemple le plus connu est peut-être l’obélisque de Louxor qui trône aujourd’hui sur la place de la concorde avec pour base un socle en granit.
Outre ces constructions exceptionnelles notre regard s’est porté sur des architectures bretonnes plus « communes » notamment les maisons traditionnelles comme la longère. Cette dernière qui, suivant sa localisation en Bretagne, n’est pas exclusivement construite en granit, a tout de même souvent vu ses murs s’ériger avec la roche magmatique. C’est encore plus souvent le cas pour les villes proches de carrière de granit comme le village de la Hinglé.
A la veille de notre rencontre avec l’entreprise Bretagne granits, nous découvrons ce village minéral où le granit est présent dans l’ensemble des maisons de la ville mais également dans son église et sa mairie.
La roche y est omniprésente mais la vie dans une maison en granit est-elle confortable ? L’habitat est-il humide ? Le prix de mise en œuvre est-il élevé ?
En bref, le granit, utilisé par nos aînés, a-t-il des atouts que nous pourrions appliquer dans des constructions contemporaines ?
Nous tenterons de répondre à ces questions grâce aux échanges réalisés avec l’entreprise Bretagne Granits, fort d’un savoir-faire de plus d’un siècle.
[3] Schiste : Roche de constitution très variable, caractérisée par une texture feuilletée résultant d'une forte compression, de contraintes tectoniques ou du métamorphisme; roche sédimentaire ou faiblement métamorphique dérivant de sédiments essentiellement argileux. Source : https://www.cnrtl.fr/definition/schiste
[4] Pierre tendre : Les pierres utilisées en construction peuvent se répartir en deux classes - la première comprend les pierres dures, la seconde les pierres tendres (Le poids du pied cube de la première est d'environ 155 livres, et celui de la seconde est d'environ 120 livres) source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Lexique_de_la_pierre_naturelle#Pierre_dure_ou_tendre
Figure 5 : Longère sur la côte de granit rose © Matières vives
Figure 6 : Maison granit au sud est de bécherel à la ville-péan © Maison Paysannes de France / MPF
2- Bretagne Granits
2- a-Présentation
L’entreprise Bretagne Granits existe depuis 1865, elle commence son activité en exploitant la carrière du Hinglé, aujourd’hui épuisée. Le site accueille désormais le siège de l’entreprise et notamment son site de transformation. Sur l’année 2017, elle réalise un chiffre d’affaires de 2,5M €
Entre 1846 et 1848, la carrière de la Pyrie ou Pillerie a compté parmi la dizaine de carrières qui ont approvisionné la construction du viaduc de Dinan. L’exploitation se développe à partir de 1860 et les besoins de la construction de la ligne de chemin de fer (gares, ponts, etc.) y contribuent. En 1910, il y a environ 350 ouvriers.
En 2016, Bretagne granits et granit de Guerlesquin s’unissent, ce qui a notamment permis de moderniser les outils de productions de l’usine. L’entreprise comprend aujourd’hui 30 employés dont 10 tailleurs de pierre.
Nous rencontrons Thomas Lecorguille directeur commercial de l’entreprise qui sera notre guide dans la visite de l’usine.
L’usine s’implante sur environ 10 hectares. Elle comprend les machines nécessaires à la taille de pierres pour la voirie, la maçonnerie et les parements. La carte ci-après détaille les différentes zones de l’usine.
Nous constatons que même si une grande part de la chaîne de production est mécanisée, l’entreprise conserve une part « d’artisanat » dans l’application des finitions mais également dans la sélection des blocs et de l’usage qu’elle compte en faire. En effet, avant de lancer le processus de transformation, les tailleurs de pierres détaillent les éléments de maçonnerie qu’ils peuvent réaliser suivant l’arrivage de la matière brute extraite des carrières.
Une fois l’analyse de la matière réalisée, le granit passe par différentes chaînes de transformation en fonction de l’usage final.
L’entreprise Bretagne Granits existe depuis 1865, elle commence son activité en exploitant la carrière du Hinglé, aujourd’hui épuisée. Le site accueille désormais le siège de l’entreprise et notamment son site de transformation. Sur l’année 2017, elle réalise un chiffre d’affaires de 2,5M €
Entre 1846 et 1848, la carrière de la Pyrie ou Pillerie a compté parmi la dizaine de carrières qui ont approvisionné la construction du viaduc de Dinan. L’exploitation se développe à partir de 1860 et les besoins de la construction de la ligne de chemin de fer (gares, ponts, etc.) y contribuent. En 1910, il y a environ 350 ouvriers.
En 2016, Bretagne granits et granit de Guerlesquin s’unissent, ce qui a notamment permis de moderniser les outils de productions de l’usine. L’entreprise comprend aujourd’hui 30 employés dont 10 tailleurs de pierre.
Nous rencontrons Thomas Lecorguille directeur commercial de l’entreprise qui sera notre guide dans la visite de l’usine.
L’usine s’implante sur environ 10 hectares. Elle comprend les machines nécessaires à la taille de pierres pour la voirie, la maçonnerie et les parements. La carte ci-après détaille les différentes zones de l’usine.
Nous constatons que même si une grande part de la chaîne de production est mécanisée, l’entreprise conserve une part « d’artisanat » dans l’application des finitions mais également dans la sélection des blocs et de l’usage qu’elle compte en faire. En effet, avant de lancer le processus de transformation, les tailleurs de pierres détaillent les éléments de maçonnerie qu’ils peuvent réaliser suivant l’arrivage de la matière brute extraite des carrières.
Une fois l’analyse de la matière réalisée, le granit passe par différentes chaînes de transformation en fonction de l’usage final.
Figure 7 : Carte de l’usine de transformation de Bretagne granits. © Matières Vives
Figure 8 : Photo depuis l’entrée du site de Bretagne granits. © Matières Vives
Figure 9 : Photo des bigbags avant livraison. © Matières Vives
2- b-
Chaîne de transformation
L’extraction de la pierre naturelle se fait essentiellement en carrières à ciel ouvert (les bancs peuvent se situer à des profondeurs variant de 2-3 mètres à 20 -30 mètres).
Le premier travail consiste à enlever toutes les couches de terrains inexploitables qui peuvent aller de quelques centimètres à plusieurs dizaines de mètres.
Vient ensuite la phase d’extraction qui consiste à retirer de la masse des blocs les plus réguliers et les plus grands possibles.
Deux à trois options sont possible :
1.la coupe (sciage) au câble diamanté [5]
2.la coupe à la haveuse [6]
3.l’exploitation à l’explosif.
Les blocs que nous avons pu voir sur site étaient extraits par explosif.
Le carrier perfore des trous d’environ 3 cm de diamètre. Ils sont ensuite bourrés d’explosif qui va agir par expansion des gaz.
La quantité est calculée pour ne pas abîmer le bloc et protéger l’intégrité de la pierre. Cette technique est couramment pratiquée dans les carrières de granit et de grès.
Le bloc brut est ensuite transporté vers l’atelier pour y être transformé.
La transformation est divisée en trois étapes, le sciage primaire, secondaire et la finition.
Le sciage primaire permet l’équarrissage du bloc brut en tranches plus ou moins épaisses ou en éléments débités sciés 6 faces. Cette opération est réalisée au disque diamanté ou au cable diamanté pour les découpes. Il s’en suit le sciage secondaire des tranches et des blocs sciés 6 faces.
Les tranches les plus minces environs 1,5 cm sont ici découpés par commande numérique, elles serviront à la réalisation de revêtements de sols, de façades, de murs notamment pour la réalisation de pierres à coller, prestation qui est de plus en plus demandé. Les tranches les plus épaisses quant à elles seront débitées au disque diamanté, en pavés, bordures destinées aux travaux publics. Le granit étant une roche très dure et dense résiste bien aux chocs et se détériore peu.
Les éléments sciés 6 faces sont destinés à la réalisation de produits en 3 dimensions, soit par taille de pierre numérique, soit par taille de pierre manuelle. Ici l’entreprise travaille avec 10 tailleurs de pierres qui façonnent les blocs pour en faire parfois des produits destinés à la décoration du bâtiment (cheminée, fontaine, vasque…) mais surtout pour la construction en pierre massive, la restauration ...
[5] Cable diamanté : Câbles à perles diamant électrodéposés ou sintérisés avec montage sur ressorts et vulcanisation en gomme souple. En fonction des applications (extraction, sciage primaire, profilage, ...) différents types de perles et de montages peuvent être choisis en fonction des matériaux et des applications : extraction, sciage, profilage, ...
[6] Haveuse :Une haveuse (du wallon Xhavée : fossé, tranchée, vallée) est une machine d'abattage utilisée dans des travaux souterrains afin d'extraire des matériaux.
L’extraction de la pierre naturelle se fait essentiellement en carrières à ciel ouvert (les bancs peuvent se situer à des profondeurs variant de 2-3 mètres à 20 -30 mètres).
Le premier travail consiste à enlever toutes les couches de terrains inexploitables qui peuvent aller de quelques centimètres à plusieurs dizaines de mètres.
Vient ensuite la phase d’extraction qui consiste à retirer de la masse des blocs les plus réguliers et les plus grands possibles.
Deux à trois options sont possible :
1.la coupe (sciage) au câble diamanté [5]
2.la coupe à la haveuse [6]
3.l’exploitation à l’explosif.
Les blocs que nous avons pu voir sur site étaient extraits par explosif.
Le carrier perfore des trous d’environ 3 cm de diamètre. Ils sont ensuite bourrés d’explosif qui va agir par expansion des gaz.
La quantité est calculée pour ne pas abîmer le bloc et protéger l’intégrité de la pierre. Cette technique est couramment pratiquée dans les carrières de granit et de grès.
Le bloc brut est ensuite transporté vers l’atelier pour y être transformé.
La transformation est divisée en trois étapes, le sciage primaire, secondaire et la finition.
Le sciage primaire permet l’équarrissage du bloc brut en tranches plus ou moins épaisses ou en éléments débités sciés 6 faces. Cette opération est réalisée au disque diamanté ou au cable diamanté pour les découpes. Il s’en suit le sciage secondaire des tranches et des blocs sciés 6 faces.
Les tranches les plus minces environs 1,5 cm sont ici découpés par commande numérique, elles serviront à la réalisation de revêtements de sols, de façades, de murs notamment pour la réalisation de pierres à coller, prestation qui est de plus en plus demandé. Les tranches les plus épaisses quant à elles seront débitées au disque diamanté, en pavés, bordures destinées aux travaux publics. Le granit étant une roche très dure et dense résiste bien aux chocs et se détériore peu.
Les éléments sciés 6 faces sont destinés à la réalisation de produits en 3 dimensions, soit par taille de pierre numérique, soit par taille de pierre manuelle. Ici l’entreprise travaille avec 10 tailleurs de pierres qui façonnent les blocs pour en faire parfois des produits destinés à la décoration du bâtiment (cheminée, fontaine, vasque…) mais surtout pour la construction en pierre massive, la restauration ...
[5] Cable diamanté : Câbles à perles diamant électrodéposés ou sintérisés avec montage sur ressorts et vulcanisation en gomme souple. En fonction des applications (extraction, sciage primaire, profilage, ...) différents types de perles et de montages peuvent être choisis en fonction des matériaux et des applications : extraction, sciage, profilage, ...
[6] Haveuse :Une haveuse (du wallon Xhavée : fossé, tranchée, vallée) est une machine d'abattage utilisée dans des travaux souterrains afin d'extraire des matériaux.
Figure 10: Chaine de transformation du granit. © Matières Vives
Figure 11: Affinage du granit. © Matières Vives
2- c- Les produits
2- c- Les produits
Le granit transformé trouve 3 usages principaux :
1. Voirie dallage
2. Maçonnerie (pierre de taille, moellon)
3. Pierre de parement
Nous nous focaliserons ici sur la maçonnerie et la pierre à coller qui touchent directement le secteur du bâtiment et laissons de côté les travaux de voirie même s’ils correspondent à une part importante du chiffre d’affaires de l’entreprise. La pierre de taille est aujourd’hui utilisée pour des travaux de rénovation, de réhabilitation de monument historique ou de construction en secteur patrimonial remarquable, nous explique Thomas Lecorguille.
Peu de constructions neuves sont aujourd’hui réalisées en granit, cela s’explique notamment par le prix de mise en œuvre qui oscille entre 300 à 500 € le m3 suivant les dimensions des joints. Un prix élevé qui s’explique par la chaîne de transformation décrite précédemment, une chaîne qui mobilise des tailleurs de pierre et qui nécessite l’utilisation de machines à disque ou fil diamantés devant être régulièrement entretenues.
Ce prix se justifie également, car la pierre de taille nécessite une main-d’œuvre qualifiée pour être posée. En effet le choix des pierres à poser, la réalisation de joints permettant au mur de respirer et de réguler l’hygrométrie sont autant de techniques qui sont nécessaires pour mettre en œuvre le granit. Tout un savoir-faire qui se perd selon M. Lecorguille.
Outre le prix nous notons également que le granit n’est pas une pierre très isolante, ce qui pendant longtemps allait à l’encontre de la réglementation thermique 2012 qui demandait 3,2 à 5,5 m².K/W de résistance thermique pour nos murs. Même si la bonne inertie des murs épais en granit sont une donnée clé dans le confort thermique d’une habitation, la pierre a petit à petit laissé place au mur sandwich : béton, laine de roche, placo…moins cher et plus isolant.
C’est dans cette logique que des demandes de pierre de parement ou pierre à coller ont été faites à l’entreprise. La pierre à coller est plus chère à produire que la pierre de taille mais nécessite moins de qualification pour être posée. Bretagne Granit développe de plus en plus ce produit afin de répondre à une demande croissante permettant de conserver l’esthétique minérale du patrimoine breton et ce à moindre coup.
Figure 12: Tableau comparatif de différents type de mur en maçonnerie. © Matières Vives
Ces multiples champs d’actions de l’entreprise ont permis à Bretagne Granits de limiter considérablement leurs déchets. Toutefois il reste forcément une petite part de la roche qui ne peut être utilisée par les machines ou tailleurs de pierres et qui est donc stockée dans une zone dédiée sur le site de la Hinglé.
Des designers et architectes s’emparent parfois des déchets de l’usine pour réaliser des prototypes de façade ou des objets de design, nous explique M. Lecorguille. Cette forme de recyclage ou de réemploi est une méthode qui par ailleurs existe depuis des siècles et notamment dans les constructions vernaculaires bretonnes qui pouvait se servir des pierres d’une vieille construction voisine pour être réalisé. Le Granit étant quasi inaltérable la roche peut être facilement réutilisée.
Figure 14: Linteau en granit © Matières Vives
Figure 15: Pierre pour moellon © Matières Vives
Ces multiples champs d’actions de l’entreprise ont permis à Bretagne Granits de limiter considérablement leurs déchets. Toutefois il reste forcément une petite part de la roche qui ne peut être utilisée par les machines ou tailleurs de pierres et qui est donc stockée dans une zone dédiée sur le site de la Hinglé.
Des designers et architectes s’emparent parfois des déchets de l’usine pour réaliser des prototypes de façade ou des objets de design, nous explique M. Lecorguille. Cette forme de recyclage ou de réemploi est une méthode qui par ailleurs existe depuis des siècles et notamment dans les constructions vernaculaires bretonnes qui pouvait se servir des pierres d’une vieille construction voisine pour être réalisé. Le Granit étant quasi inaltérable la roche peut être facilement réutilisée.
Figure 15: Exemples de “déchets” trouvés sur le site de Bretagne Granits © Matières Vives
3- La pierre en architecture
La réhabilitation avec la pierre .
C’est un fait, les pierres dures dont le granite ont de réelles qualités d’inertie, de dureté, qui font que ce matériau demeure une « matière » d’architecture.
Même si son usage est moins fréquent aujourd’hui, nous pouvons noter un re-développement de la filière pierre, que cela soit dans le cadre de réhabilitation ou de construction neuve.
La réhabilitation des bâtiments d’hier est une réelle réponse aux problématiques environnementales actuelles. C’est d’ailleurs un des messages qu’à voulu faire passer les architectes français Lacaton et Vassal à la réception de leur prix Nobel d’architecture, l’idée de « faire avec » un existant. L’architecte Philippe Madec et l’ingénieur Alain Bornarel montrent avec la rénovation d’une écurie en maison à Plouguin, un bel exemple de réhabilitation.
La Pierre de schiste est ici complétée d’une isolation en béton de chanvre et d’un enduit chaux chanvre permettant d’améliorer l’isolation du logement tout en laissant le mur « respirer ».
Figure 16: Rénovation d’une écurie en maison- 2014 / 2016 à plouguin 29. Photo depuis l’extérieur et plan.
© Atelier Philippe Madec
Des conceptions autour de la pierre :
la maison d’odeillo
Outre les projets de réhabilitation, la pierre et ses caractéristiques thermiques peuvent générer des concepts bioclimatiques intéressants limitant nos consommations énergétiques.
Un bon exemple est la technique du mur trombe développée dans les années 60 par Felix Trombe ingénieur et Jacques Michel architecte.
Leur premier prototype est une maison solaire à Odeillo dans les Pyrénées-Orientales.
En béton de couleur sombre, le mur Trombe est un mur massif faisant face au sud . Il est recouvert d’un verre à l’extérieur, entre le verre et le mur est positionnée une lame d’air .
Le mur va absorber le rayonnement solaire et restituer dans la maison la chaleur accumulée par rayonnement la nuit, l’air réchauffé derrière la vitre, grâce à des ouvertures pratiquées en partie basse et haute du mur, va par convection participer à réchauffer l’espace de vie .
Ce principe de mur « chauffant » de manière naturelle grâce à l’inertie du mur, son rayonnement et au principe de convection de l’air mérite d’être connu et ré-introduit dans le cadre de projets de construction ou de réhabilitation de bâtiment en usant des atouts de la pierre et en réinventant son usage.
La réhabilitation avec la pierre .
C’est un fait, les pierres dures dont le granite ont de réelles qualités d’inertie, de dureté, qui font que ce matériau demeure une « matière » d’architecture.
Même si son usage est moins fréquent aujourd’hui, nous pouvons noter un re-développement de la filière pierre, que cela soit dans le cadre de réhabilitation ou de construction neuve.
La réhabilitation des bâtiments d’hier est une réelle réponse aux problématiques environnementales actuelles. C’est d’ailleurs un des messages qu’à voulu faire passer les architectes français Lacaton et Vassal à la réception de leur prix Nobel d’architecture, l’idée de « faire avec » un existant. L’architecte Philippe Madec et l’ingénieur Alain Bornarel montrent avec la rénovation d’une écurie en maison à Plouguin, un bel exemple de réhabilitation.
La Pierre de schiste est ici complétée d’une isolation en béton de chanvre et d’un enduit chaux chanvre permettant d’améliorer l’isolation du logement tout en laissant le mur « respirer ».
Figure 16: Rénovation d’une écurie en maison- 2014 / 2016 à plouguin 29. Photo depuis l’extérieur et plan.
© Atelier Philippe Madec
Des conceptions autour de la pierre :
la maison d’odeillo
Outre les projets de réhabilitation, la pierre et ses caractéristiques thermiques peuvent générer des concepts bioclimatiques intéressants limitant nos consommations énergétiques.
Un bon exemple est la technique du mur trombe développée dans les années 60 par Felix Trombe ingénieur et Jacques Michel architecte.
Leur premier prototype est une maison solaire à Odeillo dans les Pyrénées-Orientales.
En béton de couleur sombre, le mur Trombe est un mur massif faisant face au sud . Il est recouvert d’un verre à l’extérieur, entre le verre et le mur est positionnée une lame d’air .
Le mur va absorber le rayonnement solaire et restituer dans la maison la chaleur accumulée par rayonnement la nuit, l’air réchauffé derrière la vitre, grâce à des ouvertures pratiquées en partie basse et haute du mur, va par convection participer à réchauffer l’espace de vie .
Ce principe de mur « chauffant » de manière naturelle grâce à l’inertie du mur, son rayonnement et au principe de convection de l’air mérite d’être connu et ré-introduit dans le cadre de projets de construction ou de réhabilitation de bâtiment en usant des atouts de la pierre et en réinventant son usage.
Figure 17: Maison à Odeillo. Maison solaire par Felix Trombe et Jacques Michel architecte
© Of House
© Of House
Conclusion / Regard critique :
C’est avec de multiples questions gravitant autour du granit et de la pierre dans le bâtiment que nous avons découvert l’entreprise Bretagne Granits.
Nous nous questionnions sur le confort thermique d’une maison en Granit ? sur les caractéristiques de la roche ? Sur le prix de mise en œuvre et sur la chaîne de transformation de cette matière ? Autant de questions qui avaient pour objectif de nous éclairer sur la possible utilisation du granit et plus généralement de la pierre dans des constructions contemporaines.
Le contexte environnemental actuel nous impose de réfléchir à la thermique au sein du bâtiment, à sa consommation énergétique, afin peut être d’atteindre la neutralité Carbonne. Nous notons que pour répondre à ces objectifs nous avons observé une politique d’isolation massive de nos murs, souvent en béton, afin de répondre à des exigences de la RT 2012 notamment. Toutefois cette stratégie d’isolation doit être remise en perspective avec d’autres critères, que sont l’inertie thermique, le cycle de vie du bâtiment et également le « sourcing » des matériaux.
Le granit comme nous avons pu le décrire précédemment est une roche dure, pérenne qui permet d’assurer une grande longévité d’ouvrage. Sa masse et l’épaisseur du mur en granit confère une grande inertie thermique au bâtiment. Le chaud est stocké en hiver, Le frais est conservé en été. Enfin c’est une roche qui peut facilement être réemployée car souvent inaltérée.
L’ensemble de ces critères positifs nous conforte dans l’idée que la pierre massive dans nos constructions est une solution traditionnelle qui pourrait être réappliqué et repensé dans nos futures constructions. Le mur épais pourrait être complété d’une isolation intérieure respirante et d’un enduit chaux chanvre intérieur.
A l’aube de la réglementation environnementale 2020 le granite et la pierre massive en général sont des matières que nous devons repenser et respecter, que ce soit dans le cadre de réhabilitation ou de constructions neuves. Si leurs prix peuvent refroidir certains, la qualité l’inertie et la pérennité du matériaux sont à notre sens des critères important à prendre en compte
C’est avec de multiples questions gravitant autour du granit et de la pierre dans le bâtiment que nous avons découvert l’entreprise Bretagne Granits.
Nous nous questionnions sur le confort thermique d’une maison en Granit ? sur les caractéristiques de la roche ? Sur le prix de mise en œuvre et sur la chaîne de transformation de cette matière ? Autant de questions qui avaient pour objectif de nous éclairer sur la possible utilisation du granit et plus généralement de la pierre dans des constructions contemporaines.
Le contexte environnemental actuel nous impose de réfléchir à la thermique au sein du bâtiment, à sa consommation énergétique, afin peut être d’atteindre la neutralité Carbonne. Nous notons que pour répondre à ces objectifs nous avons observé une politique d’isolation massive de nos murs, souvent en béton, afin de répondre à des exigences de la RT 2012 notamment. Toutefois cette stratégie d’isolation doit être remise en perspective avec d’autres critères, que sont l’inertie thermique, le cycle de vie du bâtiment et également le « sourcing » des matériaux.
Le granit comme nous avons pu le décrire précédemment est une roche dure, pérenne qui permet d’assurer une grande longévité d’ouvrage. Sa masse et l’épaisseur du mur en granit confère une grande inertie thermique au bâtiment. Le chaud est stocké en hiver, Le frais est conservé en été. Enfin c’est une roche qui peut facilement être réemployée car souvent inaltérée.
L’ensemble de ces critères positifs nous conforte dans l’idée que la pierre massive dans nos constructions est une solution traditionnelle qui pourrait être réappliqué et repensé dans nos futures constructions. Le mur épais pourrait être complété d’une isolation intérieure respirante et d’un enduit chaux chanvre intérieur.
A l’aube de la réglementation environnementale 2020 le granite et la pierre massive en général sont des matières que nous devons repenser et respecter, que ce soit dans le cadre de réhabilitation ou de constructions neuves. Si leurs prix peuvent refroidir certains, la qualité l’inertie et la pérennité du matériaux sont à notre sens des critères important à prendre en compte
Figure 18: Schéma explicatif d’une mise en oeuvre en granit.
© Matières Vives
Merci à Bretagne Granits et Thomas Lecorguille pour nous avoir ouvert leurs portes.
Pour plus d’informations, site internet de Bretagne Granits :
https://www.bretagne-granits.com/